Panneaux solaires bifaciaux : sont-ils vraiment plus performants ?

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4 min de lecture
Depuis quelques années, le secteur photovoltaïque connaît une effervescence technologique, portée par une volonté constante d’optimiser le rendement énergétique et d’améliorer la rentabilité des installations solaires. Parmi les innovations majeures, les panneaux solaires bifaciaux s’imposent de plus en plus comme une solution prometteuse pour maximiser la production d’électricité. Mais derrière cette technologie émergente, que valent réellement ces modules face à leurs homologues classiques ? Sont-ils la réponse idéale pour booster l’efficacité des systèmes photovoltaïques ? Décryptage technique, avantages réels, conditions d’installation, et retour sur investissement : plongez au cœur de cette nouvelle génération de panneaux solaires.
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Comprendre la technologie des panneaux bifaciaux

L’un des éléments clé à saisir à propos des panneaux solaires bifaciaux concerne leur mode de fonctionnement. Contrairement aux modules photovoltaïques standards, dits « monofaciaux », qui ne produisent de l’électricité qu’à partir de l’exposition directe au soleil sur leur face avant, les panneaux bifaciaux exploitent une surface active sur leurs deux faces. La face avant, tournée vers le soleil, capte l’irradiation solaire conventionnelle, tandis que la face arrière récupère la lumière réfléchie par le sol et les éléments environnants.

La technologie utilisée dans ces modules repose généralement sur des cellules en silicium monocristallin ou polycristallin, encapsulées entre deux plaques de verre. Ce concept « double vitrage » assure la robustesse, tout en permettant à la lumière d’atteindre l’arrière du dispositif.

L’innovation réside ici dans la capacité à générer de l’électricité additionnelle grâce au rayonnement dit « albédo » — c’est-à-dire la part de lumière renvoyée par la surface sur laquelle repose le panneau. Plus cette surface est réfléchissante (neige, béton blanc, graviers clairs…), plus le potentiel de production d’énergie supplémentaire est important.

Différences majeures avec les modules traditionnels

Pour bien mesurer la spécificité des panneaux bifaciaux, il convient d’abord de comprendre ce que propose une installation standard. Les panneaux monofaciaux, historiquement majoritaires, se limitent à l’énergie captée par leur face exposée au soleil. Ils peuvent présenter différentes technologies, comme les modules polycristallins ou monocristallins, mais leur rendement est plafonné par leur surface avant.

En comparaison, les modules bifaciaux sont pensés pour exploiter au maximum chaque photon incident — aussi bien ceux provenant directement du soleil que ceux réfléchis ou diffusés autour du panneau. Cette capacité à valoriser toute lumière ambiante se traduit par une hausse mesurable de la production annuelle, sous réserve des conditions d’installation.

Visuellement, la distinction est également nette : là où les modules classiques présentent un dos opaque, souvent renforcé par un film protecteur, les panneaux bifaciaux affichent généralement une transparence des deux côtés, rendant visibles les cellules et l’équipement interne.

Analyse de la performance des panneaux bifaciaux

Le critère de performance intéresse particulièrement les porteurs de projets, qu’ils soient particuliers ou entreprises. De nombreux tests en conditions réelles montrent que les modules bifaciaux enregistrent une augmentation de rendement comprise entre 5 % et 30 % par rapport à des installations comparables en technologie monofaciale. Cette fourchette dépend fortement du contexte : types de surfaces réfléchissantes au sol, inclinaison, hauteur d’installation, conditions météorologiques, et environnement alentour.

Le gain de rendement observé résulte essentiellement de la lumière incidente captée par la face arrière. Plus le « facteur d’albédo » du sol est élevé, plus le surplus d’électricité est notable. C’est pourquoi l’installation de panneaux bifaciaux sur des toitures plates à revêtement clair, ou au-dessus de zones recouvertes de gravier blanc ou de neige, est particulièrement bénéfique.

Il est important d’ajouter que l’efficacité réelle dépend également d’autres paramètres, comme l’absence d’obstacles projetant de l’ombre sur la face arrière, et de la possibilité pour la lumière de circuler librement autour des modules.

Avantages concrets de la solution bifaciale

Opter pour des modules bifaciaux offre plusieurs atouts :

  • Production d’électricité optimisée : L’électricité générée n’est plus limitée à la seule face avant, ce qui augmente la production annuelle, en particulier dans les régions à fort ensoleillement et au sol réfléchissant.
  • Rentabilisation plus rapide : Bien que le coût initial puisse sembler plus élevé, la quantité accrue d’énergie produite améliore le retour sur investissement, surtout sur de grandes surfaces.
  • Technologie robuste : Les modules bifaciaux utilisent des verres hautement résistants pour encapsuler les cellules, réduisant les risques de corrosion et prolongeant la durée de vie du système.
  • Adaptabilité : Leur conception offre de nouvelles perspectives architecturales : ombrières de parking, clôtures solaires, façades de bâtiments, applications agricoles, etc.
  • Moins sensible à l’encrassement : Le dos en verre limite l’accumulation de salissures critiques, un détail non négligeable sur certains sites poussiéreux.

Conditions idéales d’installation

Tirer le meilleur parti de cette technologie suppose de respecter certains prérequis au moment du déploiement. Le choix du site, des supports, et du design global joue un rôle déterminant dans le gain de production d’énergie.

Hauteur et inclinaison

Les modules bifaciaux délivrent leur plein potentiel lorsqu’ils sont montés à une certaine hauteur au-dessus du sol, ce qui diminue les ombres et permet une meilleure réflexion de la lumière sur la face arrière. Selon le contexte du projet, il n’est pas rare de positionner ces panneaux à plusieurs dizaines de centimètres, voire à plus d’un mètre du support réflecteur.

L’inclinaison optimale dépend elle aussi de la latitude, du type d’utilisation (toiture, ombrière, au sol), et de la couverture environnementale. Une étude préalable du site, via simulation ou par un bureau d’études spécialisé, permet de définir la configuration idéale.

Choix du sol et environnement

Le rendement additionnel dépendra largement de la couleur et de la nature du revêtement au sol. Les matériaux clairs (béton, gravier blanc, membranes réfléchissantes) favorisent le rebond de la lumière vers la face arrière. La neige offre, par exemple, un albédo exceptionnel dans les régions adéquates.

À l’inverse, une installation sur une surface sombre, végétalisée, ou encore sous les arbres, limitera fortement l’intérêt de la solution bifaciale.

Structure de montage

Le recours à des structures spécifiques, dites « bifaciales », s’impose. Elles sont conçues pour limiter les zones d’ombre et faciliter la circulation de la lumière. Les supports conventionnels peuvent parfois entraver la réflexion du rayonnement. Il convient donc de privilégier des systèmes adaptés, parfois plus onéreux, pour garantir un rendement optimal.

Évaluation des coûts et du retour sur investissement

La question du prix des panneaux solaires bifaciaux est déterminante pour de nombreux porteurs de projets. Jusqu’à récemment, ces modules affichaient des tarifs sensiblement plus élevés à cause de la complexité de fabrication et de la relative nouveauté de la technologie. Toutefois, la généralisation de leur usage et l’augmentation des volumes de production permettent désormais de réduire les coûts, rapprochant parfois le prix au watt-crête de celui des modules monofaciaux haut de gamme.

À l’analyse, si l’achat d’un panneau bifacial reste un peu plus coûteux que celui d’un module standard, la valorisation du kilowatt-heure produit redonne l’avantage à la solution bifaciale. Plus l’installation est optimisée (sol clair, inclinaison adaptée…), plus l’amortissement s’accélère, notamment en autoconsommation sur site industriel, agricole, ou tertiaire.

Il est également intéressant de noter que certains contextes d’application, innovants comme les ombrières de parking ou systèmes agrivoltaïques, se prêtent particulièrement à l’intégration de panneaux solaires innovants comme les bifaciaux, où la différenciation de rendement peut atteindre des niveaux supérieurs à ceux accessibles par les modèles classiques.

Les limites et précautions à connaître

Aussi novateurs qu’ils soient, les panneaux bifaciaux présentent certains points de vigilance qu’il convient d’anticiper.

Compatibilité de l’environnement

Comme évoqué, le rendement supplémentaire dépend énormément de l’environnement immédiat du panneau, ce qui en fait une technologie moins universelle que certains produits classiques. Sur toiture sombre ou site peu réfléchissant, l’apport de la face arrière sera modéré, et le surcoût n’est pas toujours justifié.

Intégration électrique

Le monitoring du système requiert parfois des onduleurs dédiés ou des optimiseurs de puissance spécifiques, notamment pour éviter les divergences de courant entre les faces avant et arrière. Il s’agit là d’un point d’étude important pour garantir la stabilité et l’efficacité globale de l’installation.

Maintenance adaptée

Malgré leur robustesse, les modules bifaciaux peuvent réclamer une attention accrue sur la propreté du support et l’entretien des surfaces réfléchissantes pour préserver leur performance dans la durée.

Témoignages et retours d’expérience

Sur le terrain, les premières années d’exploitation de projets équipés de panneaux bifaciaux témoignent de résultats très satisfaisants lorsque l’installation est pensée pour tirer parti de la double exposition. Des exploitations agricoles ayant positionné ces panneaux en hauteur constatent une synergie entre production énergétique et préservation des cultures. Sur des sites industriels, les parkings recouverts d’ombrières solaires bifaciales produisent un surplus énergétique non négligeable tout en apportant de l’ombre à leurs usagers.

Dans le résidentiel, l’intérêt demeure encore limité à certains cas spécifiques, notamment les maisons individuelles dotées de toitures plates et de surfaces claires. Toutefois, l’offre ne cesse de se diversifier, proposant désormais des modules bifaciaux transparents ou encore souples, ouvrant ainsi la voie à des applications architecturales et esthétiques inédites.

Comparaison synthétique : bifaciale versus monofaciale

À titre de synthèse, voici quelques éléments comparatifs pour mieux saisir les enjeux du choix technologique :

  • Rendement : Le potentiel d’augmentation de la production couvre une large plage, mais peut aisément dépasser 10 à 15 % dans des conditions favorables.
  • Adaptabilité : Les panneaux bifaciaux se démarquent par leur polyvalence pour certaines solutions structurelles et environnementales (structures ajourées, supports en toiture-terrasse, ombrières, murs).
  • Coût : Un prix d’achat un peu supérieur, mais susceptible d’être compensé rapidement lorsque l’environnement est approprié.
  • Technologie : Maturité croissante, fiabilité équivalente voire supérieure, et dispositifs d’innovation poussés en matière de résistance.

Nouvelles tendances et perspectives pour la technologie bifaciale

Au fil des années, la technologie des panneaux bifaciaux s’enrichit d’innovations. On note la progression de modèles transparents, particulièrement prisés pour les applications architecturales modernes, ainsi que le développement de panneaux solaires souples, adaptés à des structures courbes ou légères. Ces solutions élargissent le champ d’application du photovoltaïque traditionnel et renforcent l’attrait pour des projets personnalisés, durables, et à haute valeur ajoutée esthétique.

Par ailleurs, de nombreux laboratoires et industriels poursuivent les recherches sur de nouveaux matériaux pour améliorer l’efficacité quantique des deux faces, réduire la déperdition causée par le réchauffement et optimiser la durabilité de l’ensemble. Il est donc probable que la part de marché des modules bifaciaux augmente considérablement d’ici quelques années, tant dans le secteur tertiaire qu’auprès des collectivités et acteurs privés innovants.

Foire aux questions

Quels paysages ou surfaces tirent le meilleur parti des panneaux bifaciaux ?

Les zones équipées de surfaces claires, comme les espaces en béton, les terrains couverts de gravier blanc, ou les régions fréquemment enneigées, optimisent la réflexion de la lumière sur la face arrière des modules, favorisant ainsi la production supplémentaire. Les toitures plates peintes en blanc ou les parkings sont des exemples particulièrement avantageux.

Est-ce que tous les types d’installations solaires bénéficient du modèle bifacial ?

Non, l’intérêt des panneaux bifaciaux dépend beaucoup du contexte. Sur des toitures inclinées de maisons traditionnelles ou sur des terrains où le sol absorbe plutôt que de réfléchir la lumière, le gain sera faible, voire négligeable. L’intervention d’un bureau d’études expert s’avère alors précieuse pour évaluer la pertinence de cette solution selon le site concerné.

Faut-il prévoir une maintenance particulière pour optimiser le rendement sur la durée ?

Même si les modules bifaciaux sont réputés pour leur robustesse et leur résistance aux intempéries, un entretien régulier du support et du sol réfléchissant est conseillé pour préserver la capacité de réflexion et éviter la déperdition d’énergie. L’élimination des ombres portées et la propreté du dos du panneau sont également des points d’attention réguliers.

Qu’il s’agisse de gagner en autonomie énergétique, d’optimiser un investissement sur le long terme, ou de s’inscrire dans une démarche innovante, les panneaux solaires bifaciaux offrent aujourd’hui un nouveau champ des possibles à la production photovoltaïque. Leur performance, conditionnée par une installation pensée en cohérence avec leur fonctionnement, en fait un choix pertinent pour relever les défis énergétiques de demain.

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