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Panneaux solaires : que faire si la toiture est orientée nord ou ombragée ?
L’orientation et l’ombre, deux leviers qui font et défont le productible
Chaque installation réagit à son site. En France métropolitaine, une orientation plein sud à 25–35° d’inclinaison maximise la production annuelle. Dès qu’on s’écarte de ce cas de figure, le rendement baisse, mais pas toujours au point de rendre le projet caduc.
Toiture tournée vers le nord : quel impact réel ?
- À inclinaison “classique” (30–35°), un pan de toit orienté au nord perd souvent 35 à 50 % de production annuelle par rapport à un plein sud.
- Plus la pente est faible, moins l’écart est pénalisant, car le panneau “voit” davantage de ciel et capte mieux le rayonnement diffus. À 10–15° d’inclinaison, on observe plutôt 20 à 30 % de perte en moyenne.
- La latitude et le climat local jouent. Dans le nord-ouest ou le nord-est, la part de rayonnement diffus est plus élevée qu’en Provence : une toiture nord très peu inclinée y peut rester exploitable, mais la baisse reste sensible.
Ordre de grandeur en France pour 1 kWc, à titre indicatif (site dégagé, sans ombre marquée) :
- Orientation sud, 30° d’inclinaison : 1100 à 1400 kWh/kWc/an selon les régions.
- Est/Ouest, 15–25° : 950 à 1150 kWh/kWc/an.
- Nord, 10–15° : 700 à 900 kWh/kWc/an.
- Nord, 30–35° : 550 à 750 kWh/kWc/an.
Ces valeurs varient selon la météo, la pollution et l’horizon. Une simulation sérieuse reste incontournable.
L’ombre : masques proches, masques lointains et saisons
- Masques proches (cheminée, acrotère, antenne, arbre isolé, lucarne) : l’ombre est dure, évolue vite dans la journée et se déplace avec les saisons. C’est la plus pénalisante.
- Masques lointains (colline, immeuble à distance, haie haute en limite de propriété) : l’ombre est plutôt matinale ou vespérale et plus prévisible.
- Hiver vs été : en hiver, le soleil est bas et les ombres s’allongent. Même un obstacle discret peut alors projeter un masque sur plusieurs rangées. À l’inverse, les feuillus perdent leurs feuilles, ce qui atténue l’ombre d’un arbre à cette saison.
Pertes induites par l’ombrage : comprendre les mécanismes
Un panneau est constitué de chaînes de cellules. Une seule cellule à l’ombre peut freiner l’ensemble, d’où :
- Diodes de dérivation intégrées (bypass) : elles court-circuitent la portion ombragée quand le différentiel dépasse un seuil, mais la sous-chaîne court-circuitée ne produit plus.
- Mismatch dans un string : si un module est bridé, tout le courant du string est bridé.
- Effet hot-spot : si une cellule ombragée force en inverse, elle chauffe anormalement. Les diodes limitent le risque, mais il faut éviter les configurations propices à ce phénomène (ombrage permanent, dimensionnement inadéquat).
Installer sur un toit orienté nord : possible, oui, mais pas à l’aveugle
Quand l’option reste pertinente
- Pente faible (≤ 15°), site bien dégagé, climat lumineux : la différence nord/sud se resserre.
- Objectif d’autoconsommation ciblée sur des usages en journée (pompe, informatique, ventilation, réfrigération). Même une production modérée peut avoir du sens financièrement si elle alimente des consommations incompressibles.
- Contraintes architecturales ou patrimoniales qui interdisent d’autres emplacements, avec volonté de verdir une partie de l’électricité sans rechercher le maximum de kWh.
- Région où le rayonnement diffus compte beaucoup une bonne partie de l’année.
Quand il vaut mieux s’abstenir ou chercher une alternative
- Pente marquée (≥ 30°) et vraie orientation nord, surtout en présence d’ombres hivernales récurrentes.
- Surface disponible limitée et coût d’intégration élevé : le coût par kWh produit s’envole.
- Objectif prioritaire de rentabilité ou de forte couverture des besoins : il faudra viser un autre support.
Comment décider : étude d’ombres et simulation de productible
- Mesure de l’horizon et des ombres portées : un professionnel réalise une “étude d’ombrage photovoltaïque” avec relevé 3D ou cadran solaire, distinguant masques proches/lointains, et intègre l’“horizon solaire”.
- Simulation avec prise en compte de l’ombrage heure par heure : logiciels dédiés (PVSyst, PV*SOL, archelios) ou pré-étude avec des outils publics. Le “calcul du productible” sur toiture nord doit intégrer inclinaison, azimut, masques, et si possible un modèle de diodes/bypass et le choix micro-onduleurs vs onduleur de chaîne.
- Analyse économique : coût total, kWh estimés, valeur de l’autoconsommation à votre profil horaire, éventuelles contraintes de raccordement.
Les solutions techniques qui limitent les pertes d’ombre
Micro-onduleurs ou optimisateurs : pourquoi et quand
- Micro-onduleurs (un onduleur par module) : chaque panneau travaille à son point de puissance, indépendamment. En ombrage partiel, on évite que le module le plus faible bride tout le string. Très utiles si l’ombre se déplace dans la journée et touche différents modules à tour de rôle.
- Optimisateurs de puissance (boîtiers DC par module + onduleur central) : logiques proches, avec un suivi MPPT individuel tout en conservant un onduleur string. Efficacité comparable dans la plupart des cas, souvent avec des outils de supervision très fins.
- Onduleur de chaîne classique (string) : acceptable sur site homogène et peu ombragé, mais sensible aux modules faibles ou partiellement masqués.
Points clés à retenir :
- Ni micro-onduleurs ni optimisateurs ne “créent” de soleil. Ils limitent les pertes de couplage mais pas la perte intrinsèque liée à la portion de cellule réellement dans l’ombre.
- En cas d’ombre pérenne sur les mêmes modules, le gain relatif existe mais reste borné par la partie éclairée.
Diodes bypass, demi-cellules et pose portrait/paysage
- Diodes bypass : la plupart des modules ont 3 diodes qui protègent chacun un tiers des cellules. Un ombrage linéaire (ex. acrotère sur le bas du module) peut désactiver 1/3 du panneau.
- Modules “half-cut” (demi-cellules) : ils divisent le module en deux demi-panneaux en parallèle. Un ombrage partiel affecte moins la puissance globale et réduit le risque de hot-spot.
- Pose portrait vs paysage : un masque vertical (cheminée) pénalise différemment selon l’orientation des cellules. Adapter l’orientation de pose pour que l’ombre n’affecte qu’une sous-chaîne à la fois limite l’impact.
- Distance et répartition : si l’ombre se déplace, répartir les modules impactés dans des chaînes ou des branches différentes évite de concentrer les pertes.
“String vs micro-onduleur” en contexte d’ombrage
- Chaînes courtes, multiplication de strings en parallèle, et conception avec “Shade Management” sur certains onduleurs limitent la casse en site partiellement ombragé.
- Dès que l’ombre est diffuse et mouvante (antennes, conduits, cheminée, arbres), la granularité module par module des micro-onduleurs/optimisateurs apporte généralement le meilleur compromis production/fiabilité/supervision.
- Sur toiture nord peu inclinée sans ombrage proche, un onduleur de chaîne bien dimensionné peut rester pertinent.
Maîtriser les risques de points chauds
- Éviter les ombrages permanents sur quelques cellules (ex. retour d’antenne qui jette toujours son ombre à la même heure) qui créent des contraintes récurrentes.
- S’assurer que la série de modules respecte les tensions/courants recommandés de l’onduleur même lorsque certaines sous-chaînes sont bypassées.
- Choisir des modules avec fiches techniques claires sur les diodes et la tenue thermique, et s’en tenir aux recommandations constructeur.
Agir sur le site : réduire les masques et optimiser la pose
Élagage, déplacement d’obstacles, rehausse
- Élagage des arbres : un “simple” élagage peut rendre une installation viable, surtout pour l’ombre hivernale des conifères. Vérifier les règles locales (hauteur/voisinage) et la saison d’intervention.
- Déplacement d’antennes et de cheminées légères : un mât TV/radio mal placé peut créer une ombre pénalisante ; le décaler de quelques mètres change tout. Les conduits et chapeaux doivent respecter les normes fumisterie et DTU.
- Rehausse de structure : sur un toit plat ou en présence d’un acrotère, surélever les panneaux pour dégager le champ réduit l’ombre. Attention aux efforts au vent, au lestage et aux contraintes d’étanchéité.
Toitures plates : inclinaison, lestage et configurations adaptées
- Inclinaison réduite (10–15°) : limite la prise au vent et les ombres portées entre rangées.
- Configuration est/ouest sur toiture plate : deux nappes en dos-à-dos, l’une vers l’est, l’autre vers l’ouest, à faible inclinaison. Avantages : meilleure répartition de la production matin/soir, densité surfacique élevée, peu d’ombres inter-rangées. Inconvénient : productible annuel par kWc légèrement inférieur à un plein sud, mais souvent plus utile en autoconsommation.
- Lestage toiture plate photovoltaïque : privilégier des systèmes sans percement avec calcul de ballast selon le vent, la zone sismique et la hauteur de building. Le surpoids doit être compatible avec la structure porteuse.
Distance entre rangées et calcul des ombres portées
- Longueur d’ombre L ≈ H / tan(α), où H est la hauteur du panneau au-dessus du plan et α l’angle de hauteur du soleil.
- Pour éviter le masquage inter-rangées à midi au solstice d’hiver à Paris (α ≈ 17°), il faut un entraxe de l’ordre de 3 à 3,5 fois la hauteur H. Beaucoup d’installations acceptent un léger ombrage hivernal pour augmenter la densité.
- “Masque proche / masque lointain” : cartographier ce qui génère de l’ombre et à quel moment (matin, midi, soir) permet d’optimiser l’espacement et l’orientation fine.
Positionnement précis sur toiture
Le positionnement des panneaux solaires est un levier de performance sous-estimé. Aligner les panneaux pour que les ombres d’acrotères, de cheminées ou de garde-corps passent entre les modules plutôt que dessus, varier légèrement les hauteurs d’appui, ou basculer un sous-champ en paysage peut parfois récupérer plusieurs points de rendement annuel.
Alternatives lorsque le toit n’est pas le bon support
Si la toiture est franchement défavorable (nord marqué, forte pente, ombre permanente), d’autres supports deviennent souvent plus rationnels.
Au sol ou structures dédiées
- Installation photovoltaïque au sol : sur un jardin dégagé, avec rangées correctement espacées. C’est souvent la solution la plus performante si l’espace est disponible, en particulier pour l’autoconsommation.
- Pergola solaire et carport solaire : remplacez une structure existante ou créez une surface utile. L’inclinaison et l’orientation sont choisies, et la hauteur limite les masques proches.
- Brise-soleil photovoltaïque et garde-corps photovoltaïque : intégration architecturale intéressante en façade ou en périphérie de terrasse.
- Façade photovoltaïque verticale : moins productive par kWc, mais excellente en hiver avec soleil bas, en particulier orientée sud ou en vertical est/ouest pour étaler la production matin/soir.
Modules bifaciaux et lumière diffuse
- Panneaux solaires bifaciaux : capteurs actifs des deux côtés, profitant des réflexions du sol (albédo). Sur site ombragé ou à lumière diffuse, ils peuvent récupérer une fraction non négligeable par la face arrière, surtout si le sol est clair (gravier blanc, béton, neige).
- Applications typiques : carports, pergolas, balustrades, installations au sol avec support “élevé” et fond clair.
Autoconsommation intelligente sur site ombragé
Un kWh produit au bon moment vaut plus qu’un kWh théorique perdu dans le réseau. Sur toiture ombragée, c’est encore plus vrai.
Adapter la puissance et les usages
- Dimensionner la puissance installée pour viser une forte autoconsommation immédiate, plutôt qu’une injection abondante.
- Déplacer des consommations : chauffe-eau en heures solaires, pompe de piscine, recharge d’outils ou d’un véhicule électrique en journée, programmation des lave-linge/lave-vaisselle sur les créneaux ensoleillés.
- Éviter la surdensité de modules si l’ombre invalide régulièrement une partie du champ : la puissance “inutilisable” pénalise le retour sur investissement.
Faut-il ajouter une batterie ?
- Les batteries stockent et lissent la production, mais leur coût reste significatif. Sur un site déjà peu productif (toiture nord, ombres), la priorité est souvent d’optimiser l’implantation puis de piloter les charges.
- Une petite batterie peut néanmoins sécuriser l’autoconsommation du soir si le profil de production est décalé (ex. configuration est/ouest) et si le différentiel prix d’achat/revente le justifie.
Suivi et maintenance
- Supervision par module (micro-onduleurs/optimisateurs) pour repérer un masque nouveau (arbre qui pousse, antenne déplacée).
- Nettoyage raisonnable : la poussière accentue les pertes sur les modules déjà défavorisés par l’ombre.
- Revue annuelle de l’environnement (végétation, nouveaux bâtiments voisins) et mise à jour du modèle d’ombrage si nécessaire.
Méthode en 7 étapes pour décider en confiance
- Relevé du site
- Orientation et inclinaison réelles, solidité de la charpente, obstacles existants, cheminements techniques.
- Évaluation des “masques solaires”
- Distinction proches/lointains, relevé des ombres en hiver et en été, horizon solaire.
- Scénarios d’implantation
- Toit nord exploitable à faible pente ? Toit plat en est/ouest ? Alternatifs (pergola, carport, au sol, façade) ?
- Simulation détaillée
- Productible horaire avec et sans micro-onduleurs/optimisateurs, différents modules (half-cut, bifaciaux), et variantes d’orientation/espacement.
- Optimisation du câblage et de l’équipement
- “String vs micro-onduleurs” selon l’ombrage, analyse des diodes bypass, stratégie portrait/paysage, gestion du risque hot-spot.
- Action sur l’environnement
- Élagage, déplacement d’antennes/cheminées, rehausse de structure si pertinent, calcul du lestage sur toitures plates.
- Décision économique
- Coût par kWh produit, taux d’autoconsommation attendu, sensibilité aux saisons (ombrage hivernal), scénarios avec pilotage des charges et/ou petit stockage.
Questions fréquentes
Poser des panneaux sur un toit orienté au nord a-t-il un intérêt ?
Oui, dans certains cas. Si la pente est faible, que l’horizon est dégagé et que l’objectif est l’autoconsommation de base (équipements qui tournent en journée), l’équilibre peut rester favorable. En revanche, sur une toiture nord à 30–35° avec ombres marquées, mieux vaut envisager un autre support (au sol, carport, pergola) ou une configuration sur toiture plate en est/ouest si disponible.
Les micro-onduleurs règlent-ils tous les problèmes d’ombre ?
Ils n’annulent pas l’ombre. Ils évitent qu’un module pénalisé ne bride toute la chaîne et permettent un suivi fin par panneau, très utile quand l’ombre se déplace. Sur ombrage modéré et mouvant, ils apportent un gain mesurable. Sur ombrage structurel et important, le bénéfice existe mais reste limité par l’énergie réellement reçue.
Quelle inclinaison privilégier sur toiture plate en présence d’ombres ?
Des angles réduits (10–15°) limitent les ombres inter-rangées et la prise au vent. La configuration est/ouest à faible inclinaison permet d’augmenter la densité, d’éviter des espacements trop grands et d’étaler la production sur la journée. Si un acrotère crée un masque, une légère rehausse locale, un recul de la première rangée et une vérification du lestage sont nécessaires.
En finale, l’enjeu n’est pas de “forcer” une toiture nord ou ombragée à produire comme une toiture plein sud, mais d’orchestrer l’ensemble des paramètres – étude d’ombres, simulation, choix d’onduleurs, modules tolérants, câblage judicieux, orientation/espacement, et positionnement des panneaux solaires – pour obtenir le meilleur compromis technique et économique sur votre site réel.
